Christophe Coquis, journaliste ou entrepreneur ? [vidéo]
Christophe Coquis a lancé le site d’information locale Gaillac Info en janvier 2009. Gaillac, une petite ville de 13 000 habitants dans le Sud-Ouest à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Toulouse.
En lançant le site, Christophe avait un objectif: « mesurer le potentiel de l’information locale dans un environnement rural ». Christophe voulait vérifier l’hypothèse suivante: délaissée par tous (y compris la PQR/ Presse quotidienne régionale), la micro-locale est une information qui a une valeur (valeur non captée par Google pour l’instant).
A l’occasion d’un récent passage à Toulouse, j’ai eu le plaisir de discuter avec Christophe Coquis et de dresser un premier bilan après un an et demi d’activité. Gaillac Info a trouvé sa place au sein de l’offre média locale. Le site commence également a générer des revenus publicitaires.
Christophe Coquis, fondateur du site d’infos locales Gaillac info from Philippe Couve on Vimeo.
Merci à vous Philippe de partager cette vidéos avec vos lecteurs, dont je fais partie ! L’information hyper-locale est en train de se répandre à grande vitesse. A Paris, il me semble que l’entreprise Bubble est en train de lancer un site sur ce même principe.
Pour moi, un journaliste est avant tout un fouineur, un aventurier, un être profondément ancré dans la recherche de la vérité. Comment être un vrai journaliste si l’on est dépendant financièrement de celui qui nous fait manger ? Qui trompe-t-on ? Le lecteur qui n’a plus confiance en la profession de journalistes ? Ce même annonceur qui nous prend et nous jette lorsqu’il n’a plus besoin de nous ? Nous mêmes ? Un peu triste tout cela, non ?
A quoi bon recréer une presse sur le même modèle économique que le précédent s’il est voué à l’échec ? D’autant plus que les marques comptent de plus en plus se passer des médias. J’adhère complètement à la vision de Seth Godin exposée dans son livre Tribus. La publicité de demain se fera via les communautés, de bouches à oreilles, impossible d’agir autrement avec la génération Y, complètement réfractaire à la pub ! Dans ce nouveau paradigme, le citoyen lambda se transforme en homme sandwich. Mais c’est lui qui consomme : donc, il décide. Une grande chance pour ceux qui regagnent sa confiance ; le vrai journaliste a toutes les chances de gagner demain !
Journaliste ou entrepreneur ? Il me semble que l’on ne se posera bientôt plus la question. Il faudra forcément être l’un et l’autre voire aussi en même temps informaticien, programmeur, comptable, manager, photographe, caméraman, écrivain, professeur, formateur et toutes autres professions pouvant aider à financer une information transparente, éthique, bref à haute valeur ajoutée. Peu importe la qualité technique du support, ni la problématique de référencement sur Google, mieux vaut une audience de 1000 personnes complètement convaincues pour transformer nos informations en buzz qu’une audience de un million qui picore tout en dénigrant ! Ce qui compte aujourd’hui, c’est avant tout de regagner la confiance du public, le reste suivra peu à peu. Je salue ces nouveaux entrepreneurs courageux.
Internet nous ouvre des portes merveilleuses. Il nous est désormais possible d’offrir une info exacte, proche du lecteur, l’aidant à prendre les bonnes décisions pour améliorer son futur et celui de la planète en même temps, le tout en cessant de l’abreuver de news catastrophes et anxiogènes qui ne fait que bloquer la situation. Quarante pour cent des internautes allemands se déclarent prêts à payer une information à haute valeur ajoutée!!! La France ayant toujours un peu de retard, inch allah, nos 15 % de convaincus se transforment bientôt en 50% puis 100% ! Dans ce contexte, le financement basé sur le crowdsourcing a certainement de l’avenir.
Après, il s’agit toujours du même refrain. L’union faisant la force, une communauté de journalistes visionnaires, solidaires, aventuriers et indépendants donnent bien évidemment beaucoup plus de poids à cette nouvelle entreprise !
J’ai un rêve : tous les journalistes reprennent les rênes de leur pouvoir ! Chiche ?
@Mila,
Merci pour votre commentaire. je ne suis pas certain toutefois d’avoir bien compris. La pub sur les sites (hyper)locaux est-elle plutôt une bonne ou une mauvaise chose?
La pub sur un site hyper-local ou local ou national, n’a plus de sens. Dès que ce Mr Croquis obtiendra de la pub sur son site, il perdra sa crédibilité auprès des internautes et notamment des plus jeunes.
De toutes façons à terme, les marques passeront par des réseaux comme Foursquare pour se faire connaître. Je le répète, le citoyen se transforme en homme sandwich, c’est lui qui fait la publicité aujourd’hui. Le divorce entre la presse et la pub s’annonce clairement. Et vous qu’en pensez-vous, Philippe ?
Bonjour,
Merci Philippe pour cette vidéo. Je vais aussi répondre à Mila 😉
Entre la mythologie d’un journalisme pur, indépendant et aventurier et la réalité je préfère la réalité. Désolé pour Mila. L’information ne se finance jamais seul, on peut le regretter mais c’est un fait. A part quelques exceptions, la publicité ou d’autres sources de revenus ont toujours financé une partie de l’information. Cela n’engage pas pour autant l’indépendance du journalisme ; il faut arrêter avec ce fantasme du journaliste pieds et mains liés par les impératifs publicitaires (même si c’est parfois le cas mais ne généralisons pas).
Ceci dit, un média d’information locale se batit sur la création d’une communauté, en tout cas c’est comme cela que je le vois. Et moi aussi je ne cours pas après une audience artificielle ; je veux que ce soient les gaillacois qui me lisent. Pas d’article sur Zahia donc 😉 Pas de faits divers non plus ; j’ai une PQR qui ici le fait admirablement bien… Nous essayons modestement de rendre service en diffusant des informations utiles pour la vie quotidienne. Nous essayons aussi de valoriser les initiatives (d’une association, d’un particulier). Informer ce n’est pas uniquement dénoncer. Même si nous l’avons parfois fait. Oublions le Pulitzer…
Le modèle éco ? Sous la forme de don cela me gène ; je ne demande pas la charité. Les subventions : non, pour garder une certaine indépendance. Le crowdsourcing ? En local ce n’est pas sérieux. Que reste-t-il ? La publicité. En locale, je pense que c’est finalement plus simple. Je rédige les articles (avec mon épouse) et je vends la publicité. J’ai ma conscience pour bien dissocier les deux et pour l’instant je n’ai pas de problème pour me regarder dans la glace. Les annonceurs sont matures par rapport à cela même en local : je n’ai jamais eu de demande de retour d’ascenseur rédactionnel pour vendre une pub. Donc la pub est le moyen de financement pour l’instant. Pourquoi en local, la pub peut fonctionner ? Car mon audience est ultra ciblée donc efficace en ROI pour l’annonceur (désolé Mila pour ce vocabulaire de marketeur…). Foursquare pour les annonceurs gaillacois, je peux vous assurer qu’on en est très loin… Les Pages jaunes, c’est déjà plus réaliste.
Enfin, avoir de la pub sur Gaillac Info, selon les échanges que j’ai eu avec nos lecteurs cela ne les gène pas. Ils sont matures aussi et se doutent que le travail effectué doit être rémunéré d’une manière où d’une autre.
@Christophe Coquis
Merci de votre réponse Christophe. Je respecte et j’admire les personnes qui entreprennent. Alors chapeau à vous : vraiment !
Une petite question : pouvez-vous expliquer pourquoi le crowdsourcing en local vous n’y croyez pas ?
Fousquare à Gaillac, je trouve que cela sonne bien pourtant !