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Business model

Médias en ligne: il existe des modèles économiques qui marchent


Spécialiste de l’économie des médias, Ken Doctor vient de mener une enquête [en anglais ]sur les « paywalls » ou plus exactement sur les stratégies pour faire payer le contenu mises en place par des médias en ligne à travers les États-Unis et l’Europe. Publiée sur le blog du Nieman Lab, le résumé de cette enquête The newsonomics of paywalls all over the world pointe le fait que 20% des quotidiens américains font payer (au moins une partie de) leur contenu en ligne. C’est le cas de « plus d’une douzaine de quotidiens » en Europe (à mon avis, il en manque à la liste).

Ken Doctor remarque que le questionnement a rapidement évolué ces dernières années. On est passé de « Faut-il faire payer ? » à « Quand faire payer ? » puis à « Comment faire payer ? » Tous les articles de Ken Doctor (et les études de cas) sont accessibles ici.

Le fonds d’investissement qui pense que miser sur les médias indépendants c’est éthique et rentable

Un blog, ça sert à ça également. A des rencontres inattendues. Patrice Schneider (Québécois exilé en Suisse) est venu sur ce blog et m’a laissé un message pour me parler de son boulot: il est directeur du développement d’une structure qui investit dans les médias indépendants de pays où la démocratie est fragile voire inexistante. Et ça rapporte de l’argent. Comment fait-il ? C’est l’objet de ce billet de l’expliquer.

Patrice Schneider est l’un des membres de la petite équipe permanente (8 personnes) de MDLF (Media Development Loan Fund). Au départ, c’est une ONG (qui aurait dû s’appeler Media Bank) montée  en 1995 dans la foulée de la chute du mur de Berlin par un ancien rédacteur en chef de B92 (la radio serbe indépendante du temps de Milosevic), Sasa Vucinic. Notre homme a croisé la route du milliardaire philanthrope George Soros qui décide de mettre 500 000 dollars dans le projet sans vraiment y croire. Le gouvernement suédois mettra la même somme à la disposition de l’ONG. Le projet peut être lancé.

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Mediapart : le pari de l’enquête et de l’abonnement

Placé sur le devant de la scène depuis ses révélations dans l’affaire Woerth-Bettencourt, Mediapart développe un modèle économique original pour un média en ligne en refusant la publicité et en s’appuyant sur des abonnements. Le titre fait le pari que sa force de proposition éditoriale avec 25 journalistes lui permettra d’atteindre ses objectifs économiques. Ce qui n’empêche pas son fondateur, Edwy Plenel, d’appeler de ses vœux la création d’un statut de société de presse à but non lucratif

Mediapart se définit comme un « journal numérique participatif de qualité ». Edwy Plenel, son fondateur, le présente également comme un « laboratoire de recherche et un atelier de création » dans le domaine du journalisme en ligne. Un laboratoire pour tenter de trouver la formule qui permet de « créer des médias indépendants de qualité sans mécène et sans subvention ».

Pour y parvenir, l’équipe « teste des intuitions ». Première de ces intuitions : il faut rétablir un principe de valeur dans les médias. Edwy Plenel oppose les médias gratuits contraints de courir après l’audience en s’appuyant sur le divertissement (et de citer les exemples de la télévision et de la radio) aux médias payants qui doivent « seulement » satisfaire leurs clients et peuvent se concentrer sur l’information.

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Demandez le rapport

(Photo: Steve Grobois via Flickr)

[Edit: le formulaire de contact étant apparemment bugué, les demandes pour le rapport sont à adresser à journaliste.entrepreneur (at) gmail.com]

Le rapport « Médias: nouveaux modèles économiques et questions de déontologie » sera dévoilé mercredi 17 novembre à Strasbourg à l’occasion des Assises du journalisme. [La genèse de ce rapport]

Avec Nicolas Kayser-Bril (et le renfort de Marion Senant), nous avons scruté 24 médias et leur modèle économique ainsi que leur rapport aux questions de déontologie et à de possible conflits d’intérêt. Vous avez pu suivre l’avancée de ce travail sur ce blog.

De cet examen attentif émergent plusieurs modèles économiques et la nécessité de repenser le champ des questions de déontologie à l’heure des réseaux et de l’évidence du participatif.

Terra éco : avant tout responsable

Terra éco est un bimédia (mensuel papier + quotidien en ligne) centré sur les questions de développement durable. Depuis 6 ans, l’équipe installée à Nantes développe méthodiquement un média et, parallèlement, une entreprise qui se trouve aujourd’hui au coeur d’un écosystème de sociétés intervenant dans le domaine du développement durable. Pour son patron, Walter Bouvais, les questions de déontologie sont un sujet central.

Chiffres clefs

  • 1 site web (300 000 visiteurs uniques par mois)
  • 1 magazine mensuel (60 000 exemplaires diffusés par mois)
  • Chiffre d’affaire 2010 (prévisionnel): 1 500 000 €
  • 17 salariés en CDI + 70 pigistes

Walter Bouvais, 37 ans, est un défricheur. Pas sûr pourtant que le qualificatif plairait au patron de Terra éco qui présente son entreprise comme « le bi-média francophone du développement durable », mais c’est le cas. L’aventure de Terra éco défriche de nouveaux territoires dans l’univers des médias.

Au départ, Terra économica (c’est l’appellation d’origine) démarre sur le web en janvier 2004 à Nantes. Sans locaux, sans argent, les fondateurs viennent d’être licenciés de Transfert.net (après la déconfiture du premier bimédia de la presse française). Leur projet : développer une offre d’information qui permette d’éclairer les enjeux économiques à la lumière de la problématique du développement durable. Sans moyens, il s’appuient sur un réseau de bénévoles. A l’époque, le sujet n’intéresse que les spécialistes et le réchauffement climatique ne fait pas encore la une.

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Café Babel : magazine européen, multilingue, contributif et confronté à Facebook

Welcome. Wilkommen. Bienvenido. Benvenuti. Witajcie. Bienvenue chez l’un des plus anciens pure players européens dans le domaine de l’information. Café Babel fêtera ses 10 ans en 2011 et en 6 langues (français, anglais, allemand, espagnol, italien et polonais). Le magazine européen d’actualité a franchi les années depuis sa naissance à Strasbourg jusqu’à son implantation parisienne. Il emploie aujourd’hui 6 salariés permanents (et un contrat à durée déterminée) après en avoir compté jusqu’à 14.

Café Babel n’est pas une entreprise comme les autres. d’ailleurs, ce n’est pas une entreprise mais une association de droit alsacien (loi de 1908). Un choix qui remonte à la naissance du projet lorsque des étudiants venus de toute l’Europe se retrouvent dans le cadre du programme Erasmus pour une année d’étude à Sciences Po Strasbourg. Parmi eux, Adriano Farano et Alexandre Heully, qui resteront impliqués dans l’aventure pendant de longues années (et encore aujourd’hui pour Alexandre Heully qui occupe le poste de directeur général et de directeur de la publication).

L’objectif affiché au départ est de « créer un espace virtuel au sein duquel les jeunes Européens pourront échanger et débattre des questions européennes » avec, en ligne de mire, l’ambition de contribuer à l’émergence d’une véritable opinion publique européenne en s’appuyant sur la génération Erasmus et Easy Jet qui sillonne l’Europe comme leurs aînés prenaient le métro.

La quasi totalité des articles provient de la communauté

D’emblée, Café Babel est un projet multilingue (4 langues dès la première apparition sur la Toile, le 1er février 2001). Tous les articles sont disponibles dans toutes les langues. La jeune équipe va constituer un immense réseau de contributeurs qui vont se charger de traduire les textes. Un second réseau regroupe les auteurs qui proposent des textes à la rédaction centrale installée à Paris depuis 2003.

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Owni : laboratoire des médias de demain

Le site français Owni vient de remporter un « oscar du journalisme en ligne » en étant récompensé la nuit dernière par l’ONA (Online News Association) dans la catégorie « petit site non anglophone » (non-english small site); une catégorie dans laquelle deux autres sites français avaient été nominés ces deux dernières années (Rue89 et Blogtrotters) sans décrocher la timbale. Owni fait partie des sites dont nous examinons le business model dans le cadre d’une étude en cours sur les nouveaux modèles économiques des médias et les questions de déontologie. Et dont j’ai interrogé le fondateur, Nicolas Voisin, sur son modèle économique de site d’information sans but lucratif en juin dernier.

[Edit 03/11/2010 à 8h00: l’article a été largement actualisé avec les dernières données financières communiquées par Owni]

Déclaration d’intérêt: Nicolas Kayser-Bril, auteur sur le site journaliste-entrepreneur et co-auteur du rapport sur les nouveaux modèles économiques des médias et les questions de déontologie, collabore depuis début 2010 avec Owni dans le domaine du data journalism et il est l’un des associés de la société 22mars.

En l’espace de quelques jours à la fin de mois d’octobre 2010, Owni est passé du rang de petitestart up connue de quelques passionnés français d’innovation éditoriale sur internet, au rang de média cité d’un bout à l’autre du monde au côté duNew York Times, duGuardian ou duSpiegel pour sa participation à la publication des fuites de Wikileaks concernant la guerre en Irak. Un coup de projecteur que Nicolas Voisin (32 ans), le créateur d’Owni, était loin d’imaginer quelques mois auparavant..

Si Julian Assange de Wikileaks a fait appel aux jeunes Français d’Owni, c’est en raison de leur savoir-faire dans le domaine dudata journalism. Un « journalisme de données » qui réclame la maîtrise des questions statistiques, un savoir-faire dans le domaine du développement informatique et du design des interfaces pour mettre en forme des volumes importants de données ainsi qu’un regard journalistique pour leur donner du sens. Owni fait partie des pionniers européens dans ce domaine.

Nicolas Voisin, PDG de 22mars et directeur de la publication de Owni.fr from Philippe Couve on Vimeo.

Owni n’est pas un média comme les autres. L’équipe ne revendique d’ailleurs pas l’appellation de média. Owni, un nom qui signifie « objet web non identifié » et ici, on n’écarte rien de ce qui peut contribuer au renouvellement éditorial en exploitant les ressources et les outils du web et des réseaux.

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Citizenside : les professionnels du contenu amateur

Citzenside est née en 2006 comme une agence de presse spécialisée dans le recueil de photos et vidéos amateurs en lien avec l’actualité. Seule sur ce créneau il y a quatre ans, elle doit aujourd’hui se repositionner au moment où les médias traditionnels ouvrent largement leurs bras aux contenus amateurs.

L’idée de Citizenside a germé le 7 juillet 2005 à Londres. Ce jour-là quatre attentats simultanés frappent les transports publics dans la capitale britannique et notamment le métro. Aussitôt bouclés par la police et les secours, les quais du fameux tube londonien sont inaccessibles aux journalistes. Les images de l’événement seront prises par des témoins, —de simples usagers du métro— et elles feront la une des quotidiens et l’ouverture des journaux télévisés.

Pour Matthieu Stefani, c’est un déclic: « J’habitais à Londres lors des attentats de juillet 2005, et pour la première fois, la BBC réclamait des vidéos et des photos à ses telespectateurs, sans rémunération ». De retour en France, il commence à travailler avec Philippe Checinski et Julien Robert sur un projet de création d’entreprise qui deviendra Scooplive en mai 2006.. Ils ont la trentaine et leur start-up se définit comme une place de marché sur laquelle les amateurs proposent leurs photos que les médias peuvent acheter.

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Arrêt sur images: entreprise privée pour «service public»?

Née à la télévision, l’émission Arrêt sur images s’est perpétuée sur le web en développant une large communauté d’abonnés attentive au décryptage des médias. Son modèle économique est d’une grande simplicité: les seules ressources sont celles issues des abonnements. Pas de  publicité, ni de subvention qui risqueraient de modifier la relation nouée avec les abonnés, explique le fondateur du site, Daniel Schneidermann. Après trois ans d’existence, l’entreprise semble avoir trouvé un équilibre qui reste « fragile ».

Daniel Schneidermann, le fondateur d'Arrêt sur images

Certaines aventures naissent comme des colères. Arrêt sur images appartient à cette catégorie. L’entreprise et le média en ligne ont surgi de la fureur de voir l’émission de télévision éponyme supprimée des antennes de la télévision publique dans la foulée de l’élection de Nicolas Sarkozy au printemps 2007.

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Aftonbladet: l’alliance suédoise entre l’éditorial et le commercial

Aftonbladet est un mastodonte du paysage médiatique suédois. Chaque jour, le journal vend 348 000 exemplaires dans un pays de 900 000 9 millions d’habitants. Rapporté à l’échelle française, on pourrait imaginer l’équivalent du Monde tirant à 2,3 millions d’exemplaires (contre 400 000 en réalité pour le quotidien du boulevard Blanqui). Il faut dire aussi que 84% des Suédois âgés de 15 à 79 ans lisent un quotidien.

Le site web du Aftonbladet

Ce succès surprendra les amateurs de design suédois tant le journal (et son site web) sont éloignés de l’idée que l’on se fait du style simple et épuré qui prévaut sur les îles qui forment Stockholm et dans les environs. On est ici dans l’univers visuel du tabloïd et rien ne vient contredire cette signature de journal populaire.

La publicité ne compte que pour 30% des recettes

Le succès du Aftonbladet est double. Dans sa version papier, c’est le premier quotidien du pays sur un marché très concurrentiel. En ligne, le site est l’un des plus importants médias en Suède, avec des pointes à 2 millions de visiteurs uniques par jour. Encore une fois, rapporté à la taille du pays, ces chiffres sont plus de 6 fois supérieurs à ceux du Monde ou du Figaro en ligne.

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