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Expérience

Des médias sans but lucratif aux Etats-Unis

La Knight Foundation américaine vient de mettre en ligne le compte-rendu écrit et les vidéos d’une table ronde organisée en avril dernier sur la question (et le modèle) des médias à but non lucratif (non profit).

Les médias dont il est question sont:

S’ils sont sans but lucratif, ces médias n’en sont pas moins des entreprises et spécifiquement des start-ups qui doivent affronter les défis de la croissance et de la pérennisation de leur activité.

Au Washington Post, on intègre les rédactions, pas les mentalités

Le groupe Washington Post tire l’essentiel de ses revenus d’activités de formation et d’une entreprise du câble à travers des filiales qui permettent aujourd’hui au média de financer sa transition numérique. Contrairement à l’objectif fixé il y a 4 ou 5 ans, il n’est plus question d’une vaste intégration de toutes les rédactions du groupe. Dans ce contexte, le M. Déontologie du WaPo (le surnom du Washington Post) explique comment sont prévenus et gérés les éventuels conflits d’intérêt. A l’ancienne.

La salle de rédaction du Washington Post (Photo : WaPo)

Le Washington Post a été, avec l’embauche de Rob Curley et de son équipe fin 2006, considéré comme l’un des journaux nationaux les plus innovants aux Etats-Unis. Le groupe, qui finance les activités déficitaires de ses journaux avec Kaplan, leader de l’éducation, et Cable One, une entreprise du câble, avait alors regroupé toutes ses activités web au sein de WashingtonPost.Newsweek Interactive. L’entité gérait les sites de Newsweek, Slate, du Washington Post, ainsi qu’une myriade de sites commerciaux.

Depuis, Rob Curley est parti en admettant à demi-mot son échec, et les rêves de méga-rédaction web du Washington Post se sont évaporés. La stratégie est désormais inversée, puisque chaque marque possède sa propre entité regroupant toutes ses activités. Newsweek.com est à vendre avec son alter ego en papier, Slate.com est géré par The Slate Group et washingtonpost.com a rejoint le quotidien papier, légalement et physiquement puisque les rédactions sont désormais intégrées.

Afin d’étudier comment cette intégration des deux métiers s’est effectuée, j’ai appelé la semaine dernière Milton Coleman, senior editor et responsable des questions d’éthique au WaPo.

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Julien Jacob: journaliste ou entrepreneur ? [vidéo]

Julien Jacob est parfois difficile à suivre tellement il bouge vite. On le laisse à la tête de CNET Europe et on le retrouve en train de monter une start-up (Obiwi.fr) après un executive MBA à HEC, avant de le croiser chez NextRadioTV (le groupe d’Alain Weil), puis de le retrouver en consultant médias au moment où il annonce qu’il se réinvestit dans Obiwi.fr.

De ces expériences multiples et diversifiées à la charnière du journalisme, du management et de la création d’entreprise, qu’est-ce que Julien Jacob a appris? La réponse en vidéo.

Julien Jacob (Cofondateur Obiwi.fr et consultant) from Philippe Couve on Vimeo.

Annie Fave (deplacementspros.com): journaliste ou entrepreneur ? [vidéo]

Annie Fave n’aime pas trop perdre de temps. Avant même d’avoir quitté RFI, cette journaliste économique spécialisée dans le secteur du voyage et du tourisme avait commencé à créer son agence de presse spécialisée: ecritéo. Mais c’est sur une « niche » encore plus pointue qu’Annie est en train de faire un carton: le voyage d’affaires. En lançant le site deplacementspros.com et la newsletter associée, Annie Fave s’adresse à des internautes qui intéressent au plus au point un certain nombre d’annonceurs. Résultat: une production éditoriale très ciblée pour un public très clairement identifié et des recettes publicitaires qui rentrent dans les caisses. Avec plus de 43 000 abonnés à sa newsletter quotidienne, a-t-elle trouvé le Graal que cherchent les journalistes-entrepreneurs? Éléments de réponse en vidéo.

Annie Fave, fondatrice de deplacementspros.com (journaliste & entrepreneur) from Philippe Couve on Vimeo.

Walter Bouvais (Terra eco): journaliste ou entrepreneur ? [vidéo]

Walter Bouvais

Walter Bouvais, cofondateur et directeur de Terra éco (média spécialisé dans le développement durable)

Je ne sais pas si vous connaissez Walter Bouvais? Moi, un peu. C’est un garçon que je trouve assez impressionnant.

Dans l’époque chahutée que connaissent les journalistes et les médias, il semble suivre sereinement et avec détermination la ligne qui est la sienne et qui l’a conduit à fonder Terra éco à Nantes. Consacré au développement durable, Terra éco est un projet journalistique innovant qui a démarré sur le web en 2004 porté par une équipe issue (comme Walter Bouvais) du magazine en ligne Transfert.

Terra éco est ensuite devenu en 2009 un magazine papier disponible en kiosque et sur abonnement. Un magazine vert qui publie son bilan carbone et essaye de limiter au maximum son empreinte écologique.

Aujourd’hui Terra éco, c’est une équipe d’une vingtaine de personnes (dont 5 commerciaux) et des filiales qui développent l’activité dans d’autres domaines: conseil, formation en ligne (e-learning) en établissant des cloisons aussi étanches que possible entre l’activité éditoriale et les autres facettes.

Walter Bouvais s’explique sur tous ces sujets dans cette vidéo enregistrée le 11 mai 2010.

Walter Bouvais, fondateur de Terra eco (journaliste & entrepreneur) from Philippe Couve on Vimeo.

Demotix: agence photo 2.0 et «mégaphone» pour journalistes freelances

Créée il y a un peu plus d’un an, Demotix est une agence photo d’un nouveau genre. Elle a a su utiliser les ressources d’internet sans abandonner les fondamentaux du journalisme. Demotix revendique aujourd’hui une communauté de 15 000 membres dans plus d’une centaine de pays et plus de 200 médias comme clients des images produites. Lorsqu’une image est vendue la moitié du prix revient au photographe et l’autre moitié à Demotix.Focus sur une entreprise qui n’a pas peur de l’avenir.

De Londres – Au royaume très fermé de la photo de presse, il y a les mastodontes Reuters, Associated Press ou encore l’AFP. Il y a aussi les photographes stars et les agences prestigieuses, Magnum en tête. Et puis il y a Demotix, le petit nouveau qui bouscule les règles du jeu depuis le début de l’année 2008.

Les règles, Turi Munthe, le PDG de cette jeune société les connaît. Longtemps journaliste, il a collaboré à nombre de publications prestigieuses. Mais pour lui, « le vieux modèle [économique, ndlr] est cassé ». Les grands journaux ne peuvent plus se payer de coûteux bureaux à l’étranger. Fini également, les correspondants permanents, voire certains envoyés spéciaux. Pourtant, et c’est là tout le paradoxe des médias aujourd’hui selon le jeune dirigeant, le nombre de personnes capables de rapporter de l’information n’a jamais été aussi grand.

En Une du New York Times pendant la crise iranienne

Turi Munthe, patron-fondateur de Demotix.com

Il a ainsi eu l’idée de mettre en relation ces personnes, qu’elles soient photojournalistes de profession ou amateurs (éclairés) avec les grands médias. « Nous fonctionnons comme un mégaphone pour freelances », explique-t-il du haut de la tour qui héberge la jeune entreprise à Notting Hill. Là, autour de tables à tréteaux, une dizaine de personne scrutent les centaines de photos chargées sur le site chaque jour par ses « contributeurs ». Les meilleures sont ensuite sélectionnées et vendues aux grands médias du monde entier : New York Post, Wall Street Journal, The Guardian,… mais aussi Le Figaro et Le Monde en France.

Pour se démarquer de ses grands rivaux, Reuters et AP, Demotix met en avant sa communauté internationale. En hébergeant à la fois le travail de journalistes occidentaux et « locaux », il pense pouvoir apporter un aperçu plus complet, plus réaliste, d’une information.

La plate-forme accueille en effet des photographes basés dans des pays où les journalistes occidentaux ont des difficultés à travailler, voire en sont complètement empêchés. Ainsi, l’année dernière en Iran, Demotix a longtemps été la seule agence capable de proposer des informations fiables, grâce à ses contributeurs sur place. Ses photos ont ainsi été choisies plusieurs fois pour faire la couverture du New York Times pendant le mois de juin.

Gardiens de l’information

Pour Turi Munthe, Demotix n’est pas seulement une agence photos. Son entreprise se place au cœur d’une révolution de l’information qui a déjà commencé. «Dans le futur, les grands journaux vont surtout avoir un rôle de gardien de l’information, ils deviendront des plateformes de publications pour une armée de journalistes-entrepreneurs, qui manieront toutes sortes de supports différents », estime-t-il.

C’est donc logiquement que Demotix a lancé sa plateforme vidéo il y a deux semaines, des projets pour accueillir des articles écrits sont en cours, tout comme la création de versions du site en espagnol, arabe ou français. D’ailleurs, pour cette dernière, Turi Munthe lance un appel, si quelqu’un serait intéressé par le projet, qu’il se fasse connaître !

En savoir plus:

Journaliste entrepreneur ≠ autoentrepreneur

– Ah oui, alors maintenant tu es autoentrepreneur, c’est ça?

– Euh, non

– …

– L’idée, c’est journaliste et entrepreneur.

– C’est pas ce que je viens de dire ?

– …

– …

– Non.

Cet échange n’a pas eu lieu, mais il aurait pu. Depuis la naissance de ce blog, les mêmes questions reviennent sans cesse autour de la question du journalisme et du statut d’autoentrepreneur.

Disons les choses simplement et calmement: il est IMPOSSIBLE d’être légalement journaliste ET autoentrepeneur.

Ce qui ne veut pas dire que la tentation n’existe pas chez certains employeurs d’imposer ce statut à leurs pigistes comme le rappelle fort opportunément cet article de Frédérique Roussel dans Libération.

Depuis le 1er janvier 2009, le statut d’autoentrepreneur permet d’avoir une rémunération à côté d’une activité principale pour un chiffre d’affaires allant jusqu’à 32 100 euros par an. Au départ, la liste du ministère qui énonçait les professions libérales pouvant prétendre à ce régime intégrait le journalisme. Les syndicats de la profession ont rappelé au ministre Hervé Novelli que le code du travail impose au journaliste indépendant et au pigiste d’être salarié, et qu’il ne relève pas du libéral.«Le journaliste est salarié par nature», répond-on aujourd’hui au ministère, qui l’a rayé de la liste.

Etre journaliste et entrepreneur, c’est donc se préoccuper de développer économiquement son activité en utilisant un autre statut que celui d’autoentrepreneur: EURL, SARL, SAS, par exemple.

PS. Concernant l’intérêt et les dérives du statut d’autoentrepreneur, jetez un oeil sur le blog d’un étudiant que j’ai eu le plaisir d’accompagner dans son projet de fin d’études de l’école de journalisme de Sciences Po: Jean-Baptiste Chastand pour Profession: autoentrepreneur

Christophe Coquis, journaliste ou entrepreneur ? [vidéo]

Christophe Coquis a lancé le site d’information locale Gaillac Info en janvier 2009. Gaillac, une petite ville de 13 000 habitants dans le Sud-Ouest à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Toulouse.

En lançant le site, Christophe avait un objectif: « mesurer le potentiel de l’information locale dans un environnement rural ». Christophe voulait vérifier l’hypothèse suivante: délaissée par tous (y compris la PQR/ Presse quotidienne régionale), la micro-locale est une information qui a une valeur (valeur non captée par Google pour l’instant).

A l’occasion d’un récent passage à Toulouse, j’ai eu le plaisir de discuter avec Christophe Coquis et de dresser un premier bilan après un an et demi d’activité. Gaillac Info a trouvé sa place au sein de l’offre média locale. Le site commence également a générer des revenus publicitaires.

Christophe Coquis, fondateur du site d’infos locales Gaillac info from Philippe Couve on Vimeo.

Théophile Kouamouo: journaliste ou entrepreneur ? [video]

J’ai rencontré récemment Théophile Kouamouo à l’occasion de son passage à Paris. L’occasion était belle de l’interroger sur son expérience de créateur d’entreprise. Il a créé la plateforme Ivoire blogs et un magazine économique en Côte d’Ivoire. Des expériences riches d’enseignement.

Journaliste depuis mai 1999, Théophile Kouamouo est basé à Abidjan en Côte d’Ivoire. Il est éditorialiste et chroniqueur indépendant, après avoir été reporter à L’Autre Afrique, correspondant du Monde à Abidjan, grand reporter à Fraternité-Matin, rédacteur en chef du « Temps » et du « Courrier d’Abidjan ».

Théophile Kouamouo, journaliste et entrepreneur from Philippe Couve on Vimeo.

Où j’apprends l’utilité des tampons-encreurs

Tampon-encreurVous, je ne sais pas, mais moi je n’étais jamais entré dans un magasin du genre Office Dépot. C’est une expérience.

Pour être honnête, je n’y suis pas allé sous le coup d’une inspiration subite. C’est notre prof de compta-gestion qui m’a ouvert les yeux sur un univers inconnu de moi jusqu’à ce jour. Il nous a expliqué doctement que nous allons devoir disposer de tampons-encreurs pour notre entreprise et notamment d’un tampon « comptabilisé ». Je crois que ça sert à tamponner les factures une fois qu’elles ont été saisies en comptabilité afin d’éviter les risques de d’erreur du genre double saisie. « Ah bon », ai-je dit ayant du mal à cacher mon enthousiasme pour ce joyau de modernité moléculaire; moi qui croyait pouvoir évoluer dans un monde numérique et dématérialisé.

Je n’étais pas au bout de mes surprises. Le prof de compta-gestion a également sommé les futurs créateurs que nous sommes de nous doter d’un tampon-encreur au nom de notre société pour « authentifier » notre signature sur certains documents. En entendant cela, des mots se sont bousculés dans ma tête (« identité numérique », « usurpation », « authentification », etc). En effet, ce tampon, n’importe qui peut se le procurer moyennant une poignée d’euros et deux jours d’attente. Pour être clair, je peux très bien faire fabriquer un tampon au nom de l’entreprise « Apple » ou bien « L’Oréal », si je le souhaite. En terme d’authentification, on fait mieux.

Tout ça pour dire que créer une entreprise, c’est accumuler des papiers et des tampons. Et les papiers, il faudra les garder (au moins dix ans). Je crois que les fabricants d’armoires d’archives ont encore de beaux jours devant eux.

Tout ça pour dire également qu’un passage chez Office Dépot (ou autre, je n’ai pas d’actions chez eux, seulement une carte de fidélité qu’on s’est empressé de me fourguer à mon premier passage) fait entrer dans un univers nouveaux où il existe des tampons « comptabilisé », des « ote-agrafes », des « relieurs d’archives », des « chemises à fenêtre », des « journaux trois colonnes », etc.

Je me demande finalement si ça me manquait vraiment de ne pas connaître tout ça…