On parle (ici et ailleurs) des nouveaux modèles économiques des médias, de la recherche du business model idéal qui permettra de financer la production et la diffusion d’une information de qualité dans un univers numérique en réseau.
Les expérimentations sont multiples, à travers le monde, de médias gratuits, payants, avec ou sans pub, appuyés sur des microfinancements (crowdfunded), des activités annexes, des subventions, des mécènes, de l’argent public ou privé, etc.
Ces nouveaux modèles économiques doivent-ils nous conduire à réexaminer les questions de déontologie ? Peuvent-ils générer de nouvelles formes de conflits d’intérêt ? Comment garantir le respect d’une déontologie exigeante (en faisant appliquer des codes et des chartes ou en misant sur la transparence) ?
Un rapport en préparation
Ces questions vont être au centre d’un rapport que je vais réaliser avec un jeune journaliste, Nicolas Kayser-Bril, et la collaboration de Marion Senant, autre jeune journaliste installée à Londres.
Ce rapport est initié et financé par l’Alliance internationale de journalistes et l’Initiative pour repenser l’économie, deux organisations issues de la Fondation Charles Leopold Mayer.
- L’Alliance internationale de journalistes (AIJ) est une organisation à but non lucratif fondée par la Fondation Charles Leopold Mayer qui met en place un espace de débat et d’échange sur les pratiques du journalisme à travers le monde. L’Alliance qui réunit des professionnels de l’information et leur public vise à identifier et promouvoir les bonnes pratiques dans une optique de responsabilité sociale des journalistes et plus largement de responsabilité des médias envers la société.
- L’Initiative pour repenser l’économie (IRE) a été initiée et soutenue par la Fondation Charles Léopold Mayer. L’IRE a pour mission de favoriser l’émergence de nouvelles propositions dans le domaine économique.
Ces deux organisations entendent aujourd’hui prolonger le travail approfondi sur les questions de l’éthique journalistique et de la formation des journalistes effectué par l’AIJ. Elles constatent que les r/évolutions en cours dans le monde des médias -et notamment la remise en cause brutale des modèles économiques existants- sont en train de créer des conditions nouvelles d’exercice de la profession de journaliste. L’occasion de s’interroger sur l’impact que ces nouvelles conditions économiques auront sur les questions d’éthique et de déontologie.
Modèle économique et déontologie : 30 médias passés au scanner
Dans les semaines qui viennent, nous allons interroger une trentaine de médias (en Europe, en Amérique du Nord et en Afrique) sur la manière dont ils abordent ces questions. Quelques entretiens ont déjà commencé et je tiens à remercier tous ceux qui acceptent de jouer le jeu de la transparence pour ce travail qui n’est ni celui de juges, ni celui distributeurs bons points ou d’arbitre des élégances, mais celui de journalistes qui tentent de dresser un état des lieux de la situation et les premiers entretiens nous révèlent que la matière est riche, que l’innovation existe également dans le domaine de la déontologie et que les nouveaux médias sont beaucoup plus ouverts et transparents que leurs aînés.
Vos idées, vos commentaires, vos suggestions
Dans les jours qui viennent, nous allons mettre en ligne sur Journaliste-entrepreneur.com les premiers compte-rendus d’entretiens réalisés dans le cadre de cette enquête. N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires. D’autre part, si certains médias, de par leur modèle économique original ou de par l’attention qu’ils prêtent à ces questions de déontologie, vous semblent particulièrement intéressants, n’hésitez pas à nous les faire connaître.
Publication du rapport final en novembre
Le rapport qui rendra compte de cette enquête sera rendu public en novembre à l’occasion des 4e Assises internationales du journalisme et de l’information qui se tiendront à Strasbourg (Conseil de l’Europe) du 16 au 18 novembre 2010.
[Photo : Cayusa via Flickr]