Adam Westbrook a 25 ans. Il est journaliste et passionné d’internet. Pour lui, la question ne se pose pas : l’avenir de l’information est sur le web, encore faudrait-il en inventer le format. Lassé d’entendre ses confrères se lamenter sur la mort de leur profession, il a lancé Future of the News, un groupe de réflexion –optimiste– sur l’avenir du journalisme. Rencontre.
Comment est né le groupe Future of the News ?
Lorsque je suis arrivé à Londres il y a six mois, je me suis rendu à des conférences sur le futur de l’information. J’y ai ressenti une grande frustration. D’abord ces événements sont payants… et plutôt chers, du coup les personnes qui y assistent sortent souvent du même moule et leur manière de penser était toujours la même. Ensuite, la même question revenait sans cesse : est-on en train d’assister à la mort du journalisme ? Tout était tellement négatif ! On oubliait de poser la plus importante à mes yeux : quel est le futur du journalisme ?
Vous avez donc décidé de prendre les choses en main ?
Je me suis dit qu’il était temps qu’il existe un groupe rassemblant des personnalités de tous horizons, qui ont en commun d’avoir envie de découvrir le futur de l’information. J’avais envie que ces discussions se tiennent de manière informelle et détendue et surtout que tout le monde puisse prendre la parole pour essayer de trouver une solution concrète à la question !
Alors concrètement, qu’est-ce que Future of the News ?
Future of the News compte 300 membres à Londres après trois mois d’existence et des groupes similaires sont en train de se créer partout au Royaume-Uni, notamment à Brighton et Glasgow. Les rencontres sont mensuelles.
Comment se déroule une réunion ?
La session est généralement divisée en deux parties. Dans un premier temps, des intervenants viennent présenter leur action. Je tiens à ce que ces personnes fassent effectivement quelque chose sur internet. Dans un deuxième temps, l’ensemble du groupe est amené à réfléchir de manière créative à un problème donné. L’idée est de se couper des raisonnements traditionnels qui ont cours dans le milieu de la presse pour proposer d’autre façon d’aborder les problèmes. Ces sessions permettent aux gens d’échanger leurs idées et, je l’espère, d’étendre leur réseau pour, peut être, un jour, en venir à collaborer sur des projets !
Quelle est votre définition d’un journaliste multimédia ?
C’est une personne capable de raconter une histoire de différentes façons, en utilisant différents outils. Mais la question n’est pas de savoir utiliser les outils, plutôt de choisir le meilleur support pour chaque histoire à raconter. Sur internet, le choix du média devient une activité journalistique, alors que ce n’est pas le cas quand on travaille pour un journal, une radio ou une chaîne de télévision bien évidemment.
Vous-même vous définissez comme un journaliste multimédia. Comment l’êtes vous devenu ?
J’ai suivi une formation en vidéo-journalisme à l’université. Déjà là bas, j’ai senti que les choses allaient changer et que le journalisme comme on me l’enseignait n’allait bientôt plus exister. Puis j’ai travaillé pour la radio pendant trois ans, tout en continuant à m’intéresser de près au journalisme sur internet. En octobre, j’ai démissionné de mon poste et je suis revenu m’installer à Londres. Durant toutes ces années, j’étais déjà blogueur, ce qui m’a permis de me familiariser avec les différents outils techniques à disposition sur internet.
Vous avez pris un vrai risque…
Beaucoup pensent qu’internet est une menace pour le journalisme, moi j’y vois au contraire une grande opportunité. A partir du moment où on peut s’autopublier, il serait presque criminel de ne pas essayer. Je me suis lancé car je me suis rendu compte que les choses changeaient et je voulais en faire partie. 2009 a été je pense un véritable tournant et la « révolution » s’accélère depuis le début de l’année.
Envisagez-vous de devenir entrepreneur ?
Je pense monter une structure dans les prochains mois. Mais réussir avec une entreprise journalistique, c’est comme toute entreprise : il faut trouver une « niche d’audience ». Lui apporter un service sur-mesure. Il faut appliquer cette loi du business au journalisme. C’est la base. Depuis quelques mois, j’ai rencontré plusieurs médias qui ont trouvé cette niche et réussissent à en vivre. Notamment, un groupement de journalistes qui fournit beaucoup de contenus aux ONG. Cela leur permet de réaliser des reportages à l’étranger et de témoigner de façon tout à fait journalistique, mais avec une sécurité financière un peu plus importante que s’ils étaient de simples freelance. Et puis il faut diversifier ses sources de revenus…
Mais n’y a-t-il pas alors un risque de ne plus vivre du journalisme, mais de ses activités annexes ?
Disons que la fin justifie les moyens ! Si faire de la formation me permet de financer des projets de reportages qui me tiennent à cœur, ça ne me dérange pas !
Liens :
Future of the News UK : http://www.meetup.com/Future-of-news/
Blog d’Adam Westbrook: http://adamwestbrook.wordpress.com/
Site internet d’Adam: http://www.adamwestbrook.co.uk/