Vous, je ne sais pas, mais moi je n’étais jamais entré dans un magasin du genre Office Dépot. C’est une expérience.
Pour être honnête, je n’y suis pas allé sous le coup d’une inspiration subite. C’est notre prof de compta-gestion qui m’a ouvert les yeux sur un univers inconnu de moi jusqu’à ce jour. Il nous a expliqué doctement que nous allons devoir disposer de tampons-encreurs pour notre entreprise et notamment d’un tampon « comptabilisé ». Je crois que ça sert à tamponner les factures une fois qu’elles ont été saisies en comptabilité afin d’éviter les risques de d’erreur du genre double saisie. « Ah bon », ai-je dit ayant du mal à cacher mon enthousiasme pour ce joyau de modernité moléculaire; moi qui croyait pouvoir évoluer dans un monde numérique et dématérialisé.
Je n’étais pas au bout de mes surprises. Le prof de compta-gestion a également sommé les futurs créateurs que nous sommes de nous doter d’un tampon-encreur au nom de notre société pour « authentifier » notre signature sur certains documents. En entendant cela, des mots se sont bousculés dans ma tête (« identité numérique », « usurpation », « authentification », etc). En effet, ce tampon, n’importe qui peut se le procurer moyennant une poignée d’euros et deux jours d’attente. Pour être clair, je peux très bien faire fabriquer un tampon au nom de l’entreprise « Apple » ou bien « L’Oréal », si je le souhaite. En terme d’authentification, on fait mieux.
Tout ça pour dire que créer une entreprise, c’est accumuler des papiers et des tampons. Et les papiers, il faudra les garder (au moins dix ans). Je crois que les fabricants d’armoires d’archives ont encore de beaux jours devant eux.
Tout ça pour dire également qu’un passage chez Office Dépot (ou autre, je n’ai pas d’actions chez eux, seulement une carte de fidélité qu’on s’est empressé de me fourguer à mon premier passage) fait entrer dans un univers nouveaux où il existe des tampons « comptabilisé », des « ote-agrafes », des « relieurs d’archives », des « chemises à fenêtre », des « journaux trois colonnes », etc.
Je me demande finalement si ça me manquait vraiment de ne pas connaître tout ça…