Demotix: agence photo 2.0 et «mégaphone» pour journalistes freelances

Créée il y a un peu plus d’un an, Demotix est une agence photo d’un nouveau genre. Elle a a su utiliser les ressources d’internet sans abandonner les fondamentaux du journalisme. Demotix revendique aujourd’hui une communauté de 15 000 membres dans plus d’une centaine de pays et plus de 200 médias comme clients des images produites. Lorsqu’une image est vendue la moitié du prix revient au photographe et l’autre moitié à Demotix.Focus sur une entreprise qui n’a pas peur de l’avenir.

De Londres – Au royaume très fermé de la photo de presse, il y a les mastodontes Reuters, Associated Press ou encore l’AFP. Il y a aussi les photographes stars et les agences prestigieuses, Magnum en tête. Et puis il y a Demotix, le petit nouveau qui bouscule les règles du jeu depuis le début de l’année 2008.

Les règles, Turi Munthe, le PDG de cette jeune société les connaît. Longtemps journaliste, il a collaboré à nombre de publications prestigieuses. Mais pour lui, « le vieux modèle [économique, ndlr] est cassé ». Les grands journaux ne peuvent plus se payer de coûteux bureaux à l’étranger. Fini également, les correspondants permanents, voire certains envoyés spéciaux. Pourtant, et c’est là tout le paradoxe des médias aujourd’hui selon le jeune dirigeant, le nombre de personnes capables de rapporter de l’information n’a jamais été aussi grand.

En Une du New York Times pendant la crise iranienne

Turi Munthe, patron-fondateur de Demotix.com

Il a ainsi eu l’idée de mettre en relation ces personnes, qu’elles soient photojournalistes de profession ou amateurs (éclairés) avec les grands médias. « Nous fonctionnons comme un mégaphone pour freelances », explique-t-il du haut de la tour qui héberge la jeune entreprise à Notting Hill. Là, autour de tables à tréteaux, une dizaine de personne scrutent les centaines de photos chargées sur le site chaque jour par ses « contributeurs ». Les meilleures sont ensuite sélectionnées et vendues aux grands médias du monde entier : New York Post, Wall Street Journal, The Guardian,… mais aussi Le Figaro et Le Monde en France.

Pour se démarquer de ses grands rivaux, Reuters et AP, Demotix met en avant sa communauté internationale. En hébergeant à la fois le travail de journalistes occidentaux et « locaux », il pense pouvoir apporter un aperçu plus complet, plus réaliste, d’une information.

La plate-forme accueille en effet des photographes basés dans des pays où les journalistes occidentaux ont des difficultés à travailler, voire en sont complètement empêchés. Ainsi, l’année dernière en Iran, Demotix a longtemps été la seule agence capable de proposer des informations fiables, grâce à ses contributeurs sur place. Ses photos ont ainsi été choisies plusieurs fois pour faire la couverture du New York Times pendant le mois de juin.

Gardiens de l’information

Pour Turi Munthe, Demotix n’est pas seulement une agence photos. Son entreprise se place au cœur d’une révolution de l’information qui a déjà commencé. «Dans le futur, les grands journaux vont surtout avoir un rôle de gardien de l’information, ils deviendront des plateformes de publications pour une armée de journalistes-entrepreneurs, qui manieront toutes sortes de supports différents », estime-t-il.

C’est donc logiquement que Demotix a lancé sa plateforme vidéo il y a deux semaines, des projets pour accueillir des articles écrits sont en cours, tout comme la création de versions du site en espagnol, arabe ou français. D’ailleurs, pour cette dernière, Turi Munthe lance un appel, si quelqu’un serait intéressé par le projet, qu’il se fasse connaître !

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