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Nicolas Kayser-Bril

Aftonbladet: l’alliance suédoise entre l’éditorial et le commercial

Aftonbladet est un mastodonte du paysage médiatique suédois. Chaque jour, le journal vend 348 000 exemplaires dans un pays de 900 000 9 millions d’habitants. Rapporté à l’échelle française, on pourrait imaginer l’équivalent du Monde tirant à 2,3 millions d’exemplaires (contre 400 000 en réalité pour le quotidien du boulevard Blanqui). Il faut dire aussi que 84% des Suédois âgés de 15 à 79 ans lisent un quotidien.

Le site web du Aftonbladet

Ce succès surprendra les amateurs de design suédois tant le journal (et son site web) sont éloignés de l’idée que l’on se fait du style simple et épuré qui prévaut sur les îles qui forment Stockholm et dans les environs. On est ici dans l’univers visuel du tabloïd et rien ne vient contredire cette signature de journal populaire.

La publicité ne compte que pour 30% des recettes

Le succès du Aftonbladet est double. Dans sa version papier, c’est le premier quotidien du pays sur un marché très concurrentiel. En ligne, le site est l’un des plus importants médias en Suède, avec des pointes à 2 millions de visiteurs uniques par jour. Encore une fois, rapporté à la taille du pays, ces chiffres sont plus de 6 fois supérieurs à ceux du Monde ou du Figaro en ligne.

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Rue89 en route vers l’équilibre financier

Apparue sur la Toile en mai 2007, le jour de l’élection de Nicolas Sarkozy, Rue89 s’est taillée une place de choix dans le paysage de l’information en ligne en développant son credo d’une information participative articulée entre journalistes, experts et internautes. L’intuition éditoriale était pertinente. En revanche, pour résoudre l’équation économique, l’équipe a dû faire preuve de pragmatisme et d’inventivité. Un cocktail qui devrait se révéler payant dans les prochains mois, nous assure Laurent Mauriac, directeur général de Rue89.

Déclaration d’intérêt: Philippe Couve, créateur du site journaliste-entrepreneur, collabore depuis plusieurs mois avec Rue89 au développement de l’offre de formation proposée par l’entreprise.

En France, Rue89 a été le premier média (principalement) écrit à accomplir le tour de force de devenir un média national sans être adossé à une édition papier. Les multiples coups d’éclat journalistiques de sa rédaction, à commencer par la révélation de la censure d’une info par le Journal du dimanche lors de l’élection présidentielle de 2007, lui assurent une crédibilité et une audience encore jamais atteinte par un pure player (un média né sur internet).

L’audience et l’estime dont jouit Rue89 ne garantissent pas pour autant la pérennité d’un site qui n’a pas encore annoncé de résultats financiers positifs, à l’heure où d’autres pur -players similaires, au premier rang desquels l’espagnol soitu.es, mettent la clé sous la porte.

Le pro-am à la française

Profitant d’un plan social au sein du journal Libération, les quatre fondateurs de Rue89 (Pierre Haski, Pascal Riché, Laurent Mauriac et Arnaud Aubron), tous journalistes, ont réuni quelques dizaines de milliers d’euros pour lancer leur aventure. Entre février et mai 2007, ce quatuor (accompagné de Michel Lévy-Provençal pour la technique, et d’une poignée de jeunes journalistes), a créé un site d’information —en utilisant la technologie Drupal encore peu répandue à l’époque.

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Christian Science Monitor : le grand saut en ligne

Le 27 mars 2009, le dernier exemplaire d’un quotidien américain de référence sortait de l’imprimerie. Le Christian Science Monitor cessait d’être un journal papier pour devenir une entreprise d’information diffusée sur internet, accompagnée d’un magazine hebdomadaire. Cette transformation a été décidée en raison des pertes croissantes du titre qui avaient fini par atteindre plusieurs dizaines de millions de dollars par an.

John Yemma, le patron (editor) du Christian Science Monitor (Photo: Melanie-Stetson-Freeman / CSM)

Une interview téléphonique réalisée en mai dernier avec John Yemma, patron (editor) du média depuis 2008, permet d’y voir plus clair sur les modes de fonctionnement du Christian Science Monitor depuis l’abandon du papier comme canal de diffusion principal.

Economiser, encore et toujours

Du haut de son siècle d’histoire, le Monitor est un vétéran de l’information par rapport aux médias français.

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Spot.us : réinventer le financement du journalisme

Spot.us (littéralement « remarquez-nous ») est né des idées de David Cohn, un jeune journaliste ayant participé aux premières expériences de crowdsourcing avec Jay Rosen, et des fonds du Knight News Challenge, qui accorda 340 000 dollars au projet en 2008. Le site jouit d’une popularité peu commune, lancée en partie par un article du New York Times en août 2008.

David Cohn (Photo: cvconnel via Flickr)

Le site Spot.us permet aux journalistes indépendants qui le souhaitent de proposer un article qu’ils veulent réaliser. Ils y listent leurs besoins et demandent au public de bien vouloir les financer. L’interface doit permettre aux communautés de s’organiser pour financer les enquêtes que les médias traditionnels ne peuvent plus se permettre. La réalisation la plus impressionnante reste une enquête sur l’archipel de déchets du Pacifique nord parue en 2009 au terme d’une collecte de 6 000 dollars auprès des internautes.

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En Ukraine, un site fait du journalisme sans journaliste

Depuis l’échec de Skoeps.nl, celui de Backfence ou les difficultés de Oh My News , les expériences de journalisme collaboratif se sont principalement heurtées à 3 écueils :

  • les contenus produits ne dépassent pas le niveau des discussions de comptoir;
  • les contributeurs, poussés par un besoin de pages vues, choisissent des thèmes populaires au détriment de la pertinence journalistique (voir à ce propos Des articles rémunérés selon leur performance publicitaire);
  • les coûts associés à la structure ne lui permettent pas de survivre.


Pourtant, en Ukraine, un site réussit à surmonter ces obstacles depuis 6 ans. HighWay a démarré sous l’impulsion de Sergii Danylenko, qui souhaitait sincèrement améliorer la qualité du paysage médiatique du pays. Comme dans toutes les régions ayant encaissé 70 ans d’Union Soviétique, l’Ukraine des années 1990 partait sans aucun héritage journalistique. Les normes éthiques y étaient clouées au plancher, comme l’a joliment raconté Andrei Kurkov dans le best-seller La Mort et le Pingouin , où la mafia règle ses comptes en achetant des journalistes.

La situation a peu évolué depuis. Les oligarques entretiennent toujours leurs propriété médiatiques avec attention, le meilleur exemple restant Valery Khoroshkovsky , à la tête du plus grand groupe média du pays, Inter Media, et des services de sécurité de l’Etat! Certaines initiatives tentent néanmoins de donner un premier souffle au journalisme ukrainien, la plus célèbre d’entres elle étant l’Ukrainska Pravda , dont le fondateur a payé l’indépendance de sa vie.

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ProPublica: de riches mécènes et une charpente déontologique

Paul Steiger, le PDG de ProPublica (Photo: IFJ10 via Flickr)

Le site internet annonce sobrement la couleur: « ProPublica, journalisme d’intérêt public« . Même s’il ne dispose pas encore d’article Wikipédia en français, on ne présente plus ProPublica. Le site d’investigation a été lancé par Paul Steiger , ancien directeur du Wall Street Journal, grâce aux fonds d’un couple de milliardaires de la finance à la retraite, les Sandler. Leur fortune vient de la Golden West Financial, un établissement de crédit considéré comme un plus honnête que la moyenne puisqu’il n’a pas participé directement à la folie des subprimes.

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Au Washington Post, on intègre les rédactions, pas les mentalités

Le groupe Washington Post tire l’essentiel de ses revenus d’activités de formation et d’une entreprise du câble à travers des filiales qui permettent aujourd’hui au média de financer sa transition numérique. Contrairement à l’objectif fixé il y a 4 ou 5 ans, il n’est plus question d’une vaste intégration de toutes les rédactions du groupe. Dans ce contexte, le M. Déontologie du WaPo (le surnom du Washington Post) explique comment sont prévenus et gérés les éventuels conflits d’intérêt. A l’ancienne.

La salle de rédaction du Washington Post (Photo : WaPo)

Le Washington Post a été, avec l’embauche de Rob Curley et de son équipe fin 2006, considéré comme l’un des journaux nationaux les plus innovants aux Etats-Unis. Le groupe, qui finance les activités déficitaires de ses journaux avec Kaplan, leader de l’éducation, et Cable One, une entreprise du câble, avait alors regroupé toutes ses activités web au sein de WashingtonPost.Newsweek Interactive. L’entité gérait les sites de Newsweek, Slate, du Washington Post, ainsi qu’une myriade de sites commerciaux.

Depuis, Rob Curley est parti en admettant à demi-mot son échec, et les rêves de méga-rédaction web du Washington Post se sont évaporés. La stratégie est désormais inversée, puisque chaque marque possède sa propre entité regroupant toutes ses activités. Newsweek.com est à vendre avec son alter ego en papier, Slate.com est géré par The Slate Group et washingtonpost.com a rejoint le quotidien papier, légalement et physiquement puisque les rédactions sont désormais intégrées.

Afin d’étudier comment cette intégration des deux métiers s’est effectuée, j’ai appelé la semaine dernière Milton Coleman, senior editor et responsable des questions d’éthique au WaPo.

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