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Interview

Louis Villers (fondateur de webdocu.fr) : journaliste ou entrepreneur ? [vidéo]

Louis Villers est sans doute le plus jeune journaliste interrogé dans le cadre de ce blog. A 21 ans, il a monté son média et son entreprise. Le média, c’est webdocu.fr qui se consacre à l’actualité du webdocumentaire. Quant à l’entreprise, elle est encore embryonnaire mais elle cherche à dégager des moyens pour financer des webdocumentaires. Au passage, Louis Villers nous livre quelques trucs et astuces mis en oeuvre par les journalistes de sa génération pour parvenir à financer leur métier: le journalisme.

Louis Villers, fondateur de webdocu.fr from Philippe Couve on Vimeo.

Mediapart : le pari de l’enquête et de l’abonnement

Placé sur le devant de la scène depuis ses révélations dans l’affaire Woerth-Bettencourt, Mediapart développe un modèle économique original pour un média en ligne en refusant la publicité et en s’appuyant sur des abonnements. Le titre fait le pari que sa force de proposition éditoriale avec 25 journalistes lui permettra d’atteindre ses objectifs économiques. Ce qui n’empêche pas son fondateur, Edwy Plenel, d’appeler de ses vœux la création d’un statut de société de presse à but non lucratif

Mediapart se définit comme un « journal numérique participatif de qualité ». Edwy Plenel, son fondateur, le présente également comme un « laboratoire de recherche et un atelier de création » dans le domaine du journalisme en ligne. Un laboratoire pour tenter de trouver la formule qui permet de « créer des médias indépendants de qualité sans mécène et sans subvention ».

Pour y parvenir, l’équipe « teste des intuitions ». Première de ces intuitions : il faut rétablir un principe de valeur dans les médias. Edwy Plenel oppose les médias gratuits contraints de courir après l’audience en s’appuyant sur le divertissement (et de citer les exemples de la télévision et de la radio) aux médias payants qui doivent « seulement » satisfaire leurs clients et peuvent se concentrer sur l’information.

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Terra éco : avant tout responsable

Terra éco est un bimédia (mensuel papier + quotidien en ligne) centré sur les questions de développement durable. Depuis 6 ans, l’équipe installée à Nantes développe méthodiquement un média et, parallèlement, une entreprise qui se trouve aujourd’hui au coeur d’un écosystème de sociétés intervenant dans le domaine du développement durable. Pour son patron, Walter Bouvais, les questions de déontologie sont un sujet central.

Chiffres clefs

  • 1 site web (300 000 visiteurs uniques par mois)
  • 1 magazine mensuel (60 000 exemplaires diffusés par mois)
  • Chiffre d’affaire 2010 (prévisionnel): 1 500 000 €
  • 17 salariés en CDI + 70 pigistes

Walter Bouvais, 37 ans, est un défricheur. Pas sûr pourtant que le qualificatif plairait au patron de Terra éco qui présente son entreprise comme « le bi-média francophone du développement durable », mais c’est le cas. L’aventure de Terra éco défriche de nouveaux territoires dans l’univers des médias.

Au départ, Terra économica (c’est l’appellation d’origine) démarre sur le web en janvier 2004 à Nantes. Sans locaux, sans argent, les fondateurs viennent d’être licenciés de Transfert.net (après la déconfiture du premier bimédia de la presse française). Leur projet : développer une offre d’information qui permette d’éclairer les enjeux économiques à la lumière de la problématique du développement durable. Sans moyens, il s’appuient sur un réseau de bénévoles. A l’époque, le sujet n’intéresse que les spécialistes et le réchauffement climatique ne fait pas encore la une.

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Café Babel : magazine européen, multilingue, contributif et confronté à Facebook

Welcome. Wilkommen. Bienvenido. Benvenuti. Witajcie. Bienvenue chez l’un des plus anciens pure players européens dans le domaine de l’information. Café Babel fêtera ses 10 ans en 2011 et en 6 langues (français, anglais, allemand, espagnol, italien et polonais). Le magazine européen d’actualité a franchi les années depuis sa naissance à Strasbourg jusqu’à son implantation parisienne. Il emploie aujourd’hui 6 salariés permanents (et un contrat à durée déterminée) après en avoir compté jusqu’à 14.

Café Babel n’est pas une entreprise comme les autres. d’ailleurs, ce n’est pas une entreprise mais une association de droit alsacien (loi de 1908). Un choix qui remonte à la naissance du projet lorsque des étudiants venus de toute l’Europe se retrouvent dans le cadre du programme Erasmus pour une année d’étude à Sciences Po Strasbourg. Parmi eux, Adriano Farano et Alexandre Heully, qui resteront impliqués dans l’aventure pendant de longues années (et encore aujourd’hui pour Alexandre Heully qui occupe le poste de directeur général et de directeur de la publication).

L’objectif affiché au départ est de « créer un espace virtuel au sein duquel les jeunes Européens pourront échanger et débattre des questions européennes » avec, en ligne de mire, l’ambition de contribuer à l’émergence d’une véritable opinion publique européenne en s’appuyant sur la génération Erasmus et Easy Jet qui sillonne l’Europe comme leurs aînés prenaient le métro.

La quasi totalité des articles provient de la communauté

D’emblée, Café Babel est un projet multilingue (4 langues dès la première apparition sur la Toile, le 1er février 2001). Tous les articles sont disponibles dans toutes les langues. La jeune équipe va constituer un immense réseau de contributeurs qui vont se charger de traduire les textes. Un second réseau regroupe les auteurs qui proposent des textes à la rédaction centrale installée à Paris depuis 2003.

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Owni : laboratoire des médias de demain

Le site français Owni vient de remporter un « oscar du journalisme en ligne » en étant récompensé la nuit dernière par l’ONA (Online News Association) dans la catégorie « petit site non anglophone » (non-english small site); une catégorie dans laquelle deux autres sites français avaient été nominés ces deux dernières années (Rue89 et Blogtrotters) sans décrocher la timbale. Owni fait partie des sites dont nous examinons le business model dans le cadre d’une étude en cours sur les nouveaux modèles économiques des médias et les questions de déontologie. Et dont j’ai interrogé le fondateur, Nicolas Voisin, sur son modèle économique de site d’information sans but lucratif en juin dernier.

[Edit 03/11/2010 à 8h00: l’article a été largement actualisé avec les dernières données financières communiquées par Owni]

Déclaration d’intérêt: Nicolas Kayser-Bril, auteur sur le site journaliste-entrepreneur et co-auteur du rapport sur les nouveaux modèles économiques des médias et les questions de déontologie, collabore depuis début 2010 avec Owni dans le domaine du data journalism et il est l’un des associés de la société 22mars.

En l’espace de quelques jours à la fin de mois d’octobre 2010, Owni est passé du rang de petitestart up connue de quelques passionnés français d’innovation éditoriale sur internet, au rang de média cité d’un bout à l’autre du monde au côté duNew York Times, duGuardian ou duSpiegel pour sa participation à la publication des fuites de Wikileaks concernant la guerre en Irak. Un coup de projecteur que Nicolas Voisin (32 ans), le créateur d’Owni, était loin d’imaginer quelques mois auparavant..

Si Julian Assange de Wikileaks a fait appel aux jeunes Français d’Owni, c’est en raison de leur savoir-faire dans le domaine dudata journalism. Un « journalisme de données » qui réclame la maîtrise des questions statistiques, un savoir-faire dans le domaine du développement informatique et du design des interfaces pour mettre en forme des volumes importants de données ainsi qu’un regard journalistique pour leur donner du sens. Owni fait partie des pionniers européens dans ce domaine.

Nicolas Voisin, PDG de 22mars et directeur de la publication de Owni.fr from Philippe Couve on Vimeo.

Owni n’est pas un média comme les autres. L’équipe ne revendique d’ailleurs pas l’appellation de média. Owni, un nom qui signifie « objet web non identifié » et ici, on n’écarte rien de ce qui peut contribuer au renouvellement éditorial en exploitant les ressources et les outils du web et des réseaux.

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Citizenside : les professionnels du contenu amateur

Citzenside est née en 2006 comme une agence de presse spécialisée dans le recueil de photos et vidéos amateurs en lien avec l’actualité. Seule sur ce créneau il y a quatre ans, elle doit aujourd’hui se repositionner au moment où les médias traditionnels ouvrent largement leurs bras aux contenus amateurs.

L’idée de Citizenside a germé le 7 juillet 2005 à Londres. Ce jour-là quatre attentats simultanés frappent les transports publics dans la capitale britannique et notamment le métro. Aussitôt bouclés par la police et les secours, les quais du fameux tube londonien sont inaccessibles aux journalistes. Les images de l’événement seront prises par des témoins, —de simples usagers du métro— et elles feront la une des quotidiens et l’ouverture des journaux télévisés.

Pour Matthieu Stefani, c’est un déclic: « J’habitais à Londres lors des attentats de juillet 2005, et pour la première fois, la BBC réclamait des vidéos et des photos à ses telespectateurs, sans rémunération ». De retour en France, il commence à travailler avec Philippe Checinski et Julien Robert sur un projet de création d’entreprise qui deviendra Scooplive en mai 2006.. Ils ont la trentaine et leur start-up se définit comme une place de marché sur laquelle les amateurs proposent leurs photos que les médias peuvent acheter.

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Arrêt sur images: entreprise privée pour «service public»?

Née à la télévision, l’émission Arrêt sur images s’est perpétuée sur le web en développant une large communauté d’abonnés attentive au décryptage des médias. Son modèle économique est d’une grande simplicité: les seules ressources sont celles issues des abonnements. Pas de  publicité, ni de subvention qui risqueraient de modifier la relation nouée avec les abonnés, explique le fondateur du site, Daniel Schneidermann. Après trois ans d’existence, l’entreprise semble avoir trouvé un équilibre qui reste « fragile ».

Daniel Schneidermann, le fondateur d'Arrêt sur images

Certaines aventures naissent comme des colères. Arrêt sur images appartient à cette catégorie. L’entreprise et le média en ligne ont surgi de la fureur de voir l’émission de télévision éponyme supprimée des antennes de la télévision publique dans la foulée de l’élection de Nicolas Sarkozy au printemps 2007.

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Aftonbladet: l’alliance suédoise entre l’éditorial et le commercial

Aftonbladet est un mastodonte du paysage médiatique suédois. Chaque jour, le journal vend 348 000 exemplaires dans un pays de 900 000 9 millions d’habitants. Rapporté à l’échelle française, on pourrait imaginer l’équivalent du Monde tirant à 2,3 millions d’exemplaires (contre 400 000 en réalité pour le quotidien du boulevard Blanqui). Il faut dire aussi que 84% des Suédois âgés de 15 à 79 ans lisent un quotidien.

Le site web du Aftonbladet

Ce succès surprendra les amateurs de design suédois tant le journal (et son site web) sont éloignés de l’idée que l’on se fait du style simple et épuré qui prévaut sur les îles qui forment Stockholm et dans les environs. On est ici dans l’univers visuel du tabloïd et rien ne vient contredire cette signature de journal populaire.

La publicité ne compte que pour 30% des recettes

Le succès du Aftonbladet est double. Dans sa version papier, c’est le premier quotidien du pays sur un marché très concurrentiel. En ligne, le site est l’un des plus importants médias en Suède, avec des pointes à 2 millions de visiteurs uniques par jour. Encore une fois, rapporté à la taille du pays, ces chiffres sont plus de 6 fois supérieurs à ceux du Monde ou du Figaro en ligne.

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Revue XXI : un pari réussi sur la « valeur » du journalisme de récit

Au départ, c’est un rêve de journaliste : un média qui ne proposerait que de longs reportages sur des sujets qui ne font pas nécessairement la une de l’actualité. A l’arrivée, c’est l’une des réussites les plus inattendues de la presse française.

Patrick de Saint-Exupéry, co-fondateur et directeur éditorial de XXI (Photo: Philippe Brizard via Wikimedia)

A première vue, il est assez difficile de définir l’objet XXI. Pour ce qui est du contenu, c’est du reportage en texte, en photos ou en bandes dessinées. Pour le reste, le mot « revue » s’est finalement installé en dépit des réticences initiales d’une partie de l’équipe fondatrice.

En termes techniques, on parle d’un « mook », à mi-chemin entre le magazine et le book (livre). « Magazine » pour la périodicité (trimestrielle) et « book » pour le format, le prix (15 €) et la vente en librairie. Si XXI n’est pas l’inventeur d’un genre né au Japon, c’est la revue qui a véritablement popularisé le concept en France.

Un projet éditorial radical

Et pourtant, le projet d’origine n’était pas exactement celui-là. Deux moments-clefs ont marqué la naissance de la revue XXI. Le premier lorsque les fondateurs (Patrick de Saint-Exupéry et Laurent Beccaria) ont décidé de renoncer à lancer un mensuel dans des kiosques déjà sur-encombrés. Il leur aurait fallu en vendre 100 000 exemplaires pour atteindre l’équilibre financier en tablant sur une dizaine de pages de publicité par numéro. XXI sera donc un trimestriel sans pub distribué en librairie.

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Rue89 en route vers l’équilibre financier

Apparue sur la Toile en mai 2007, le jour de l’élection de Nicolas Sarkozy, Rue89 s’est taillée une place de choix dans le paysage de l’information en ligne en développant son credo d’une information participative articulée entre journalistes, experts et internautes. L’intuition éditoriale était pertinente. En revanche, pour résoudre l’équation économique, l’équipe a dû faire preuve de pragmatisme et d’inventivité. Un cocktail qui devrait se révéler payant dans les prochains mois, nous assure Laurent Mauriac, directeur général de Rue89.

Déclaration d’intérêt: Philippe Couve, créateur du site journaliste-entrepreneur, collabore depuis plusieurs mois avec Rue89 au développement de l’offre de formation proposée par l’entreprise.

En France, Rue89 a été le premier média (principalement) écrit à accomplir le tour de force de devenir un média national sans être adossé à une édition papier. Les multiples coups d’éclat journalistiques de sa rédaction, à commencer par la révélation de la censure d’une info par le Journal du dimanche lors de l’élection présidentielle de 2007, lui assurent une crédibilité et une audience encore jamais atteinte par un pure player (un média né sur internet).

L’audience et l’estime dont jouit Rue89 ne garantissent pas pour autant la pérennité d’un site qui n’a pas encore annoncé de résultats financiers positifs, à l’heure où d’autres pur -players similaires, au premier rang desquels l’espagnol soitu.es, mettent la clé sous la porte.

Le pro-am à la française

Profitant d’un plan social au sein du journal Libération, les quatre fondateurs de Rue89 (Pierre Haski, Pascal Riché, Laurent Mauriac et Arnaud Aubron), tous journalistes, ont réuni quelques dizaines de milliers d’euros pour lancer leur aventure. Entre février et mai 2007, ce quatuor (accompagné de Michel Lévy-Provençal pour la technique, et d’une poignée de jeunes journalistes), a créé un site d’information —en utilisant la technologie Drupal encore peu répandue à l’époque.

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